Krystyna Janda we francuskich wydaniach magazynu ELLE

Tutaj kierujcie pytania do mnie, na które postaram się odpowiedzieć w miarę możliwości.

Krystyna Janda we francuskich wydaniach magazynu ELLE

Postprzez maciejlysakowski Pn, 03.11.2014 03:27

Droga Pani Krystyno,

bardzo dziękuję za opis wydarzeń z Pani życia towarzyszących sesji zdjęciowej dla magazynu Paris Match. Ja tamten czas mam ciągle bardzo dobrze w pamięci. Najbardziej uciążliwa była dla mnie wtedy godzina milicyjna – musiałem przed godziną 23:00 zdążyć dojść do domu z randki z dziewczyną. Do tego te czołgi na ulicach... Puste pułki sklepowe, na których był w pewnym momencie do kupienia tylko ocet... I nocne kolejki do mięsnego, na mrozie, kiedy i tak nie było wiadomo, co „rzucą”, ale się stało - na zmiany i na listy kolejkowe...

Wysyłam dziś Pani artykuły z francuskich wydań magazynu ELLE:
1. Recenzja filmu DYRYGENT.
2. Informację, że zagra Pani w „Wyborze Zofii” u Pakuli.
3. Bardzo dobry i duży artykuł w całości poświęcony Pani osobie.
4. Artykuł o wybitnych i ważnych kobietach z Europy Wschodniej.

Mam nadzieję, że przydadzą się do zakładki z prasą na Pani stronie. A może nawet znajdzie się jakiś Romanista, któremu by się zechciało te artykuły przetłumaczyć.

Serdecznie Panią pozdrawiam i trzymam kciuki za nadchodzące premiery, które jak widzę – wspaniale się zapowiadają!

Maciek

Obrazek

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Fausses notes

« Le Chef d'orchestre ››,
d'Andrzej Wajda, avec John Gielgud et
Krystyna Janda
(Pologne, coul., 1 h 41).

Un vieux chef d'orchestre, vedette mondiale, visite son village natal polonais. ll gagne le cœur des musiciens
locaux par sa direction subtile et chaleureuse. Il se fait haïr du jeune maestro titulaire qui n'est en fait qu`un
arriviste névrosé. Moralité: l`Art est abnégation, simplicité, sagesse, amour... Fellini, dans «Prova d'Orchestra», avait déjà utilisé l'orchestre symphonique comme métaphore des conflits socio-politiques de façon magistralement irréaliste. Ici, Wajda, pour rester vraisemblable, s`empetre dans la problématique musicale de façon qui fera frémir le spectateur le plus béotien. Ll ne subsiste plus a|ors qu'un message pesamment ressassé que la conjoncture en Pologne rend évidemment touchant mais il reste peu convaincant. Ph.C.

ELLE, 01.12.1980

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Krystina, la femme de fer

Si Alan Pakula pouvait rencontrer Krystina .landa (l”actrice de « L`Homme de fer ›› de Wajda), il n'hésiterait pas. C`est elle qu`il choisirait pour incarner à l`écran l`héroïne du très beau roman de William Styron « Le Choix de Sophie ››, D`accord, Krystina n`a pas le fameux « petit nez à la polonaise ››. Mais grande, belle, yeux très bleus, cheveux courts, elle impressionne tant par sa force vitale que par sa personnalité. C`est un bloc, une véritable dame de fer, toute en droiture et en intelligence. Choisie par Wajda pour « L`Homme de marbre ››, en l976 (« Je ne connaissais rien encore aux problèmes qu`il évoquait ››), elle a tourné ensuite dans deux films du « maître ›› (dont elle parle avec adoration) avant de jouer l`Agnieszka.de « L'Homme de fer ››. En Pologne, on dit d`elle que c`est l'actrice la plus douée de sa génération. « Ce qui ne me donne aucun privilège, précise-t-elle. J´ai les mêmes problèmes que tout le monde. ›› Mais qui lui donne le droit d'exiger de jouer sans maquillage. « Je préfère le naturel ››. A Varsovie, elle vit avec Maria, sa lille de six ans, et sa vieille nounou. « Aucune place pour la vie privée, je travaille trop. ›› Alors, M. Pakula, dépêchez-vous ! M.F.

ELLE, 07.09.1981

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Fot. Krzysztof Pruszkowski

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Krystyna Janda, vedette des films de Wajda
<<L`Homme de fer ›› et << L`Homme de marbre ››
vient de tourner « L`Interrogatoire »,
un film sur les horreurs staliniennes.

UNE STAR DANS LA NUIT POLONAISE

Ils n`oublieront pas de sitôt le visage de Krystyna Janda tous ceux qui ont reçu le choc de « L`Homme de marbre ››, de «Sans anesthésie ››, du « Chef d`orchestre››, de «L`Homme' de fer ››. Janda, 29 ans, n`est pas une beauté à couper le souffle. Elle est mieux que cela : l`une des comédiennes les plus douées de sa génération, une intelligence, une fougue, une force presque dérangeantes. Un symbole tel aussi de la femme polonaise qu`à Gdansk, les ouvrières des Chantiers Navals ne l`appelaient plus qu`Agnieszka. La touchante épouse du syndicaliste Maciek vivait, hors de l`écran... La Pologne a plongé dans la nuit et Janda avec elle. Pour les Polonais, la liberté de créer (et donc la liberté tout court) était un rêve qu`on touchait des doigts. L`espoir a basculé. ll ' est devenu cauchemar.
Dispersés, les intellectuels membres de «Solidarité ›› comme Janda, qui autour d`Andrzej Wajda (arrêté, relâché, en fuite ? On ne sait pas encore), avaient rendu célèbre, dans le monde entier, un cinéma directement branché sur le réel.

Krystyna Janda, vedette des films de Wajda, est devenue un symbole de la femme polonaise.

Ironie atroce, la dernière fois que j`ai vu Janda, elle portait la blouse de bure des détenus politiques. C`était à Varsovie, juste avant l`état de siège, sur un plateau de cinéma. Richard Bugajski, un jeune metteur en scène du groupe X (le groupe de Wajda), achevait son premier film, «lnterrogatoire ››. Entre deux coupures de courant et en « tirant ›› au maximum sur une pellicule achetée, non sans peine, à New York et Paris : «Je suis, m`avait dit Krystyna, une starlette de 21 ans très légère et plutôt naïve qu`on enferme, dans les années cinquante, à Rakowiecka (l'histoire est authentique). Au début, elle croit à une erreur. La seule chose qu`elle ait à se reprocher, c`est d'avoir couché avec un type soupçonné d`espionnage. En cinq ans de détention, toùtes les brimades, toutes les tortures ne peuvent la briser. Elle devient forte, très forte. Finalement, elle est libérée. Mais physiquement, c`est une loque. ››
La lumière crue, les murs gris, la paillasse, les rats dans une cage qu`on s'apprêtait à lâcher et Janda, cheveux hirsutes, maculée de poussière, ses yeux comme deux étoiles claires... « Tu sais, j`ai épuisé toutes' les joies de l`ère stalinienne, toutes les possibilités de la laideur de la cinématographie polonaise, avait-elle plaisantè. C`est un' rôle très dur. On m'interroge sans relâche, en m`empêchant de dormir. Je suis ligotée sur une chaise fixée au sol. On me casse les dents, on m`immerge dans un bassin, on me fouette avec des jets d'eau sous pression...››
Sur le plateau, ce jour-là, il y avait aussi Agnieszka Holland, une petite femme ronde au visage lunaire, au regard terriblement aigu derrière des lunettes cerclées. Agnieszka, 33 ans, metteur en scène, assistante de Zanussi puis de Wajda, a obtenu le premier prix au festival de Gdansk 81, avec « Goraczka ›› (« La Fièvre ››), présenté depuis au Festival de Berlin. La scénariste de « Sans anesthésie ››, c'est elle. Dans « Interrogatoire ››, elle joue le rôle d'une codétenue : « Juste une Polonaise ordinaire, accusée de collusion avec l'étranger. ›› Krystyna, Agnieszka, deux militantes, deux patriotes, tellement concernées par l`histoire de leur pays que travailler dans ce courant « d'inquiétude morale ›› (l`expression était de Wajda) allait de soi, qu'improviser avec ses sentiments personnels la plupart des textes devenait inévitable.
« Tu comprends, m`avait expliqué Krystyna, l'art pour l'art n`a pas de sens, en ce moment, pour la Pologne.
Nous sommes trop impliqués, trop pressés par les événements. ›› Elle parlait vite, mais sans un mot de trop, croisant et décroisant ses longues jambes, fumant des Marlboro avec des gestes saccadés... La veille, au théâtre Ateneum, je l`avais vue jouer dans une pièce anglaise et très féministe de Pam Gems, « Dusia, Ryba, Wal i Leta ››, l`histoire dequatre jeunes filles vivant en communauté dans le même appartement. La mise en scène, comme par hasard, était signée Agnieszka Holland.
Elle était Wal, une infirmière qui se prostitue avec acharnement. Pour se payer des cours de biologie ! Un personnage très différent, bien sûr, de ses autres rôles, à l`opposé de Balladyna, la lady Macbeth polonaise, qu`elle devait incarner bientôt et, pourtant, dans cette trajectoire, il n'y ` avait aucune rupture. Janda s`y comportait avec son tempérament habituel : en combattante ! « Chez nous, une longue tradition romantique veut que, souvent, les hommes risquent leur vie pour des causes perdues d'avance et que les héroïnes féminines soient des créatures ravissantes, douces, habituées à souffrir en silence. D'où les violentes critiques suscitées par mon interprétation de « L”Homme de marbre ››. Des tas de gens n'avaient pas apprécié mes coups de gueule. On m`avait jugée agressive, à la limite de l'hystérie. J'avais reçu des lettres furieuses : « Les Polonaises ne sont pas ça. A cause de vous, j`ai battu ma femme ! ›› En fait, je ne faisais qu`obéir à Wajda. Il m`avait dit : « La moitié du film repose sur toi. Débrouille-toi à ta guise. Fais-toi haïr, fais-toi aimer, mais tu dois capter l'attention !'›› J`avais 23 ans. J'étais encore étudiante, je me trouvais pour la première fois devant une caméra.
Avant cela, j'avais simplement joué au théâtre « Les Trois Sœurs ›› et « Le Portrait de Dorian Gray ››. Très exactement comme_Agnieszka, je découvrais le stalinisme et le stakhanovisme ! J'ai suivi mon instinct et joué comme un homme, à la grande joie d'Andrzej ! ››
« Ta façon à toi d´être féministe? ››
« Je ne sais pas. Oui, si vouloir et agir signifient, être féministe. Ici, c'est un mot qui ne recouvre pas les mêmes réalités que pour vous, Occidentales. Les femmes ont toujours travaillé comme les hommes. Seulement, en plus, elle élèvent les enfants. Et elles font la queue. Mais ce besoin d`agir est tellement pressant pour moi, que lorsque Wajda a entrepris le tournage de « L”Homme de fer ››, je lui ai dit: « Laisse-moi entrer sur les Chantiers, laisse-moi conduire la grève !›› Il a refusé. Catégoriquement ! Cinq ans après, je retrouvais mon personnage d`Agnieszka. Et il estimait qu`elle devait avoir évolué, mûri. Elle n`était plus le garçon manqué à la recherche du héros Birkut, mais l'épouse amoureuse et modèle de son fils, le syndicaliste Maciek. On tournait une histoire fictive, sur un fond historique, tellement proche dans le temps ! On a accusé Wajda d'avoir pris le «train en marche, quelle injustice ! Ce film, il l'a fait pour répondre à des tas d`interrogations. Sans censure dans sa tête. Les ouvriers exigeaient que ce fût « vrai ››. Ça, c`était effrayant! Allaient-ils être déçus ? Le succès a été triomphal ! Les gens pleuraient, applaudissaient, chantaient l'hymne national. Et on n'a coupé que deux mots désagréables pour la milice. Un événement.
Depuis, tout le groupe Wajda participait à quantité de meetings pour les ouvriers, jouant des sketches. « Qu'est-ce que Solidarité vous a apporté ? ›› A cette question, Krystyna et Angieszka avaient répondu avec les mêmes mots: « Un immense espoir. Les Polonais ont dit non, massivement, au mensonge. Mais nous sentons bien que la situation est de plus en plus explosive... ››
Avec cet humour noir qui n`a jamais fait défaut en Pologne, on m'avait, aussi, expliqué l`évolution de la censure. Au plan professionnel c'était, bien sûr, l'événement le plus important. Mais il ne fallait pas en sous-estimer les avantages: c'était très stimulant, la censure ! Elle avait développé une phraséologie allusive fantastique! En somme, les Polonais avaient appris à lire entre les lignes. Maintenant, les bobines (films et documentaires), les scénarios descendaient tout simplement des rayonnages poussiéreux où souvent le zèle excessif de quelque petit chef les avait exilés. Au point qu'on avait eu droit à un « Festival des films de rayonnage ›› ! Et puis, un comité de coordination venait d'étre créé. A l'étude, un projet de loi pour interdire la censure préalable. Les unités de production pouvaient d'ailleurs, désormais, prendre sur elles de tourner un film refusé par la commission de censure ou le ministre de la Culture.
Quitte à risquer le blocage du film ou les coupes à la sortie. Ces interdits, Agnieszka Holland les connaissait. Pendant des années, jusqu`à ce que Zanussi et Wajda la prennent sous leur aile, ses scénarios avaient été systématiquement refusés : « Même après les accords de Gdansk, je pensais qu`on allait se déchaîner contre « Goraczka ››. L'action se passe en 1905 : des terroristes anti-tsaristes transportent une bombe qui, finalement, n'éclate pas. En fait, c'est une histoire très contemporaine. Eh bien, le censeur est parti en plein mixage, il a fait la grève, écœuré ! ›› Et puis, Krystyna et Agnieszka m`avaient parlé des difficultés de leur vie quotidienne. De ce côté-là, ni l`une ni l'autre n`étaient particulièrement privilégiées. Krystyna, la star la mieux payée de toute la République populaire, gagnait, au théâtre 4 000 zloty par mois et 2500 zloty par jour de tournage (le salaire moyen est de 6 000 zloty). Il lui arrivait aussi de chanter au cabaret politique, Pod Egida. Rien, à voir avec les cachets occidentaux! Elle vivait avec son mari, chef opérateur de Wajda, et sa petite fille Marie, six ans, dans un appartement de 40 m2. « Je circule en Fiat 126 et les vêtements à peu près élégants que je porte ont été achetés en France. La queue, c`est ma sœur Anna qui la fait pour moi et pour maman, économe dans un hôpital. C'est un ange! Elle a 27 ans, un enfant, elle est ingénieur hydraulique et elle ne trouve pas de travail. Tous les matins, elle récolte les tickets de rationnement de la famille et elle prend sa place dans une file. Elle a attendu trois jours pour pouvoir acheter une paire de chaussures à Marie. ›› « Faute de nourriture, il n'y a jamais eu autant d'animaux abandonnés dans les rues de Varsovie ››, avait ajouté Agnieszka. Nous étions chez elle (un quatre pièces agréable dans une cité de banlieue pour lequel elle avait dû patienter 12 ans) et Ficek-Picek, un petit corniaud recueilli par sa fille Fasia, 9 ans, jappait dans nos jambes. Mariée à un metteur en scène tchèque, Agnieszka avait vécu en direct les événements de Prague. Elle gagnait, en tant que directrice adjointe du groupe X, 5000 zloty par mois. Plus ses honoraires de réalisatrice dont le montant variait en fonction du « degré artistique ››. « L'avantage d`être fonctionnaire ? Nous ne nous posons pas la question de savoir si un film est commercial ou pas. Notre seule force : produire de bons films ! ›› Agnieszka ne se faisait guère d`illusions : un nouveau modèle polonais, dans la situation géopolitique actuelle, était-il possible ?
Krystyna, Agnieszka, comment ne pas penser à vous en revoyant, l'autre dimanche sur TF 1, «.L`Homme de marbre ›› ? Comment ne pas entendre Wajda qui, il n`y a pas si longtemps, affirmait à Gdansk : « Le seul devoir de l'artiste face à la réalité polonaise contemporaine est de dire la vérité ? ›› Leur notoriété à tous trois avait récemment semblé garantir leur expression. Les voilà réduits au mutisme.
Comme toute l`intelligentsia, comme 37 millions de leurs concitoyens. Et c'est à nous, maintenant, qu`il appartient de crier très fort.

Caroline Kowalska

ELLE, 04.01.1982

Obrazek

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LES SACRIFIEES DU COMMUNISME S`EVEILLENT A LA LIBERTÈ
FEMMES DE L`EST
DE NOS SEPT ENVOYÈS SPÈCIAUX
AUX PAYS OÙ TOUT BOUGE

LE POIDS DU SYSTEME REPOSAIT AVANT TOUT SUR LEURS ÈPAULES. AU NOM DE LA SACRO-SAINTE EGALITE DES SEXES, ELLES TRAVAILLAIENT AUSSI DUR QUE LES HOMMES, AVEC, EN PLUS, LA PENURIE QUOTIDIENNE A ASSUMER. AUJOURD'HUI QUE LE VIEUX BLOC S'ECROULE, ELLES DECOUVRENT QUE LA VIE, CEST PEUT-ETRE
AUTRE CHOSE QUE LES REVEILS A L'AUBE, LES QUEUES DEVANT LES MAGASINS VIDES ET LES HUIT HEURES D'USINE PAR JOUR. ALIX DE SAINT-ANDRE, PHILIPPE TRETIACK, SYLVIE VERAN, FABIAN GASTELLIER, MICHELE FITOUSSI, PATRICIA GANDIN ET DANYELE DULHOSTE ONT ASSISTE A LEURS PREMIERS PAS DE FEMMES LIBRES.

LES ETERNELLES VICTIMES
PAR HELENE CARRÈRE D'ENCAUSSE*

Avant la révolution, Lénine vécut entouré de femmes-mère, épouse, belle-mère, militantes dévouées - dont le courage et les efforts lui permirent d'accomplir son rêve : briser l'ordre ancien, fonder le pouvoir du Parti. La révolution faite, le monde nouveau fut un monde d'hommes détenant l'autorité et les honneurs. Aux
femmes les tâches les plus humbles et la vie quotidienne. Certes, la révolution proclama l'égalité totale des droits pour elles. On vit bientôt ce que cette égalité signifiait. Le droit de participer aux travaux physiques les plus durs, tout en continuant, comme avant, à mettre au monde des enfants, à nourrir ceux qui dépendaient d'elles dans l'enfer d'une pénurie Chronique. Cette conception étonnante de l'émancipation des femmes fut reprise dans toute l'Europe du Centre et de l'Est à l'heure des révolutions de 1945. Et les photos jaunies desélites politiques - partis et gouvernements - de << l'autre Europe ›› sont toutes semblables, rien que des hommes pour décider du sort de toutes les sociétés. Pourtant, les femmes se sont battues tout le temps, sur tous les fronts.
A la guerre où elles ont remplacé les hommes pour faire tourner l'économie et résisté à l'occupant là où il se trouvait. Dans la dure vie 'quotidienne où elles couraient sans cesse de lamaison, si démunie de'tout, au travail sous-payé par rapport aux hommes (l'égalité toujours), en passant par les interminables queues. Guère de contraception, sinon les avortements répétés, peu ou pas assez de crèches, l'angoisse de laisser les enfants livrés à eux-mêmes, une vie privée brisée souvent par la promiscuité de logements partagés et des repères moraux incertains, voilà ce que fut l'existence de la majorité d'entre elles. Et pourtant, ces silhouettes déformées tôt, ignorantes de toute élégance, comme elles sont émouvan-tes ! Elles dissimulent des femmes conscientes de leur destin. Conscientes que leurs diplômes - elles en ont_autant que les hommes - leurs qualifications professionnelles ne leur ont, jusqu'au moment où le système 'communiste a commencé à s'écrouler, donné d'autre droit réel que de continuer à porter sur leurs épaules fatiguées la société dont elles étaient issues. Les féministes occidentales, qui, périodiquement, tentaient d'effectuer une percée à Moscou, Prague ou Sofia, s'étonnaient toujours. Une telle vie et point de mouvements féministes ! C'est précisément qu'à vivre ainsi, à porter à bout de bras, dans la difficulté de chaque instant, sa vie et celle d'autrui, on n'a
guère le temps de revendiquer. A peine le temps de reprendre souffle pour repartir à I'assaut des problèmes insolubles du quotidien. lncapables de se frayer un chemin vers le pouvoir, où elles auraient pu peser pour modifier leur sort- de-ci de-là, des femmes députés ou << chef ›› de quelque chose n'étaient que des alibis au pouvoir et aux privilèges masculins - ces victimes premières du système tiennent pourtant une place centrale dans la résistance de l'esprit. D'Anna Akhmatova, l'un des plus grands poètes russes de ce siècle, a Doina Cornea, le lien est évident. Elles incarnent l'uni-versdes femmes qui ont assuré la survie de sociétés écrasées et la force de l'esprit qui permet aujourd'hui la renaissance des valeurs communes à l'humanité. Que les femmes ne soient pas encore au premier plan des équipes politiques qui s'installent n'a rien d'étonnant.
Trop longtemps tenues à l'écart, trop accablées de tâches, il leur reste à entrer dans les systèmes du pouvoir où assurément elles sont capables dechanger et d'humaniser leur pays.

ELLE, 26.02.1990, str.50-51

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KRYSTYNA JANDA
comédienne
Depuis ses débuts en 1976 dans << L'Homme de marbre›› d'Andrzej Wajda, le réalisateur qui a fait d'elle une star, Krystyna Janda, 38 ans, a tourné une cinquantaine de films, interprété douze rôles au théâtre et joué dans quatre grandes séries télévisées. Mais c'est son dernier rôle, de loin, qu'elle préfère : celui de mère, le sien dans la vie.
Sa deuxième fille a tout juste 6 mois, l'aînée a 15 ans. En Pologne Krystyna Janda est une star, mais aussi un symbole : celui de la génération née dans les années 50, qui a grandi à l'ombre du stalinisme triomphant et
s'est réveillée avec Solidarnosc dans les années 80. C'est la génération de «L'Homme de marbre››, celle de l'héroïne, Agnieszka, jouée par Krystyna, une jeune réalisatrice qui découvre les perversions du système communiste.
<< Je n'ai jamais été active politiquement, confie la
comédienne, mais je jouais mes rôles et ils parlent pour moi. Que ce soit dans les films de Wajda ou dans << L'lnterrogatoire›> de Bulgajski, tout ce que j'ai dit, tout ce que j'ai fait, c'était moi. Je pourrais le signer. Mais c'est vrai que je dois à Wajda de m'avoir en quelque sorte révélée à moi-même, politiquement et artistiquement. ll a été mon guide.››
Aujourd'hui, Krystyna Janda avoue se trouver à
la croisée des chemins. << Je ne sais pas ce que je pourrais jouer désormais au cinéma. Les rôles politiques? Chez nous, c'est fini. La science-fiction ne m'intéresse pas. Les films historiques ? Beaucoup trop chers pour notre pays. Les films d'amour? Je suis trop vieille. Désormais je cherche autre chose. ›› Elle a trouvé, en interprétant Médée, depuis un an, au théâtre Powszechny de Varsovie, dont le nouveau directeur depuis trois mois n'est autre que le réalisateur Andrzej Wajda.

ELLE, 26.02.1990, str.71
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maciejlysakowski
 
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Dołączył(a): Śr, 23.11.2005 15:56
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Re: Krystyna Janda we francuskich wydaniach magazynu ELLE

Postprzez Krystyna Janda Wt, 04.11.2014 06:12

Maćku! Bardzo dziękuję. To znów niespodzianki. Serdecznie Cię pozdrawiam. List napisze prywatnie.
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Krystyna Janda
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Dołączył(a): So, 14.02.2004 11:52
Lokalizacja: Milanówek


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